L’écriture inclusive, au-delà des genres

Écriture inclusive - Inclusive writing

L’écriture inclusive soulève nombres de questions, de débats, de réticences et pire, d’ires—et pas seulement des linguistes. Pourquoi tant d’émoi ? D’abord parce que plusieurs associent trop souvent l’écriture inclusive à l’unique notion d’écriture non genrée ou « féminisée ». Or, cette approche, témoin de notre évolution humaine, cible beaucoup plus large.

L’écriture inclusive aspire d’abord à inclure l’ensemble des personnes qui constituent notre monde. Cette approche s’applique donc au large éventail de la diversité. La diversité de genres, certes, en commençant par accorder au féminin sa place réelle dans un monde peuplé également par les gents masculines et féminines. L’écriture inclusive veut aussi assurer sa juste part de reconnaissance et de respect envers les différences culturelles, ethniques, de générations, ou encore, de capacités physiques ou mentales.

Le masculin ne l’emporte plus sur le féminin

Matons d’abord l’épineuse question du « féminin vs masculin », dominante notamment en français, là où la grammaire édicte que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Cette question, qui irrite les puristes et l’Académie française au plus haut point, remet en question une règle établie au XVIIe siècle.

En ces temps immémoriaux, les Français (au masculin seulement, car on peut aisément présumer le genre des instigateurs) ont introduit cette règle laquelle visait « à contrer l’influence croissante des femmes sur la scène intellectuelle » 1.

Près de 400 ans plus tard, cette « règle » bat de l’aile devant l’ouragan de changement qui souffle en faveur d’un monde plus équitable à l’égard des genres, soulevant les passions de tous les camps. Plusieurs voix s’élèvent pour éradiquer la règle désormais désuète. Ainsi, en 2017, plus de 300 enseignantes et enseignants en France signent une déclaration promettant de ne plus utiliser ladite règle dans l’espoir de « renverser le patriarcat grammatical » et d’évoluer vers une langue moins sexiste.

La langue anglaise emboîte le pas

Il n’y a pas que des francophones en quête d’équité. La langue anglaise se départit rapidement de ses mots et expressions priorisant le masculin. Ainsi les firemen deviennent des firefighters et les policemen, des police officers. Même en français, les expressions toutes masculines se rangent désormais dans les archives de l’obsolescence. Parmi elles, les « droits de l’homme » (qui poussa même l’audace jusqu’à imposer un « h » majuscule) sont devenus ceux « de la personne » (sans majuscule) pour mieux inclure tous les genres, sans discrimination, tel que son intention.

Précision et inclusion

Plusieurs qualifient cette approche d’écriture de « féminisation ». Voilà qui semble particulièrement injuste, d’abord parce qu’il ne s’agit pas de féminiser. Il s’agit plutôt d’inclure le féminin dans nombres de mots, d’expressions et de concepts qui réfèrent tant au genre féminin que masculin. Parlons plutôt de précision pour mieux faire écho à la réalité.

La réalité ne s’arrête toutefois pas à la binarité du genre et comprend les personnes non-binaires. Or, la langue s’adapte pour accueillir cette réalité en ajoutant—ou en recyclant—de nouveaux pronoms. Lorsque le contexte l’exige, on peut recourir au pronom « iel » en français ou au they singulier en anglais. Non seulement on utilise ce dernier pour désigner une personne dont le sexe n’est ni mentionné ni connu (donc pas uniquement non-binaire), le they singulier n’est pas nouveau. Selon l’Oxford English Dictionary, on le lit pour la première fois en 1375. On parle donc de recyclage linguistique plutôt que de néologisme.

Inclure au-delà des genres

L’écriture inclusive dépasse largement la diversité de genres pour aborder les diversités ethniques et culturelles, entre autres. Comment s’adresser respectueusement aux gens de couleurs ou aux communautés LGBTQ+ ? Quels mots doit-on éviter lorsque l’on communique avec les peuples autochtones ? Que doit-on considérer lorsque l’on s’entretient avec des partenaires d’origines et de cultures variées ?

L’écriture inclusive, c’est tout cela. Que l’on soit d’accord ou non avec certaines pratiques, on ne peut nier l’importance d’une telle approche dans un monde où les différences ne sont pas les exceptions, mais la règle. Si les changements qu’amènent ces différences sont inconfortables pour l’une ou affolants pour un autre, ils s’avèrent essentiels dans un monde en constante évolution. À nous d’agir maintenant pour constituer un monde meilleur qui rallie l’ensemble des personnes qui le constituent. Et quoi de plus simple que de commencer d’ores et déjà, avec nos plumes et claviers!

***

Celles et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances en matière d’écriture inclusive s’en donneront à cœur joie dans notre Atelier d’écriture inclusive.

Quant aux leaders qui souhaitent passer de la parole à l’acte en matière d’inclusion, outillez-vous pour mieux communiquer et mieux diriger grâce à nos programmes de Communication inclusive et de Leadership inclusif.

1 Éliane Viennot, Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin! Petite histoire des résistances de la langue française, Éditions iXe, Donnemarie-Dontilly, 2014.

Photo par Christina @ wocintechchat.com sur Unsplash

Partagez:

LinkedIn
Facebook
Twitter
Email
Telegram
ACCULTURA

Articles Similaires

Écriture inclusive - Inclusive writing

L’écriture inclusive, au-delà des genres

L’écriture inclusive soulève nombres de questions, de débats, de réticences et pire, d’ires—et pas seulement des linguistes. Pourquoi tant d’émoi ? D’abord parce que plusieurs associent