Que la pandémie se termine tôt ou tard, il est clair qu’une nouvelle normalité s’installe dans le monde des affaires et probablement, pour de bon. Permettez-moi quelques prédictions : le télétravail deviendra un moyen idéal de gérer les coûts, d’améliorer la productivité et de réduire la pollution. La vidéoconférence deviendra le mode par défaut pour les réunions et la formation en ligne, un incontournable pour développer et améliorer efficacement les compétences.
Télétravail et liberté
Et je n’en suis que plus heureuse! Depuis plus de 20 ans, je tape le sur clou proverbial du « professionnel nomade » — nom que j’ai imaginé à l’époque pour décrire ma situation de travailleur sans bureau fixe. L’idée m’est venue lorsque j’ai mis la main sur mon tout premier ordinateur portable. Au risque de révéler mon âge (argh!), c’était un Mac avec une épaisse coque gris foncé, un trackball de la taille d’une balle de golf et oui, un écran noir et blanc… ça date!
En déballant l’outil convoité, je me suis dit : « Wow! Avec ça, je peux travailler où je veux! Au parc, à la plage, à l’aéroport… n’importe où! » J’étais ravie. Je me suis toujours sentie mal à l’aise dans des environnements structurés comme les bureaux ou même les salles de classe. À l’école, je n’arrivais jamais à trouver une façon de m’asseoir confortablement sur ma chaise. Je remuais sans cesse jusqu’à ce que la cloche sonne enfin la fin de ce calvaire (j’ai fait mon DES dans une école catholique pour filles… re-argh!). Ainsi, la perspective de déplacer mon environnement de travail dans des endroits inusités fut une révélation. Cela signifiait une chose pour moi : LIBERTÉ, une valeur que je chéris tout particulièrement. Et comme j’ai toujours aimé travailler, combiner liberté et travail, c’était l’utopie!
Avancées technologiques
À l’époque, l’Internet émergeait comme un outil de travail au quotidien, mais ça roulait à pas de tortue. En plus, il fallait un fil (re-re-argh!). Je me souviens avoir branché le fil de mon ordinateur dans les prises téléphoniques de l’hôtel pour me connecter au bureau. J’adorais travailler avec des entreprises technologiques, car cela me permettait de rester à la fine pointe et de côtoyer des clients ouverts aux avancées technologiques.
J’ai utilisé Skype pour la première fois en 2003. Même si la connexion était au mieux irrégulière, c’était génial de pouvoir ainsi discuter avec des clients à l’étranger à partir de chez moi, d’un condo sur une plage au Mexique ou d’une salle d’attente à l’aéroport. Monsieur et madame Tout-le-Monde n’y étaient pas encore familiers. Tenter de convaincre mes amis d’utiliser Skype équivalait à souffler dans un violon. Pour les séduire, j’ai lancé le « Skype & Vin », aujourd’hui rebaptisé « vidéo-cocktail ». Quel que soit son nom, ça demeure une façon festive de se connecter lorsque la distance — ou les pandémies — nous sépare.
Les avantages de la vie en ligne
Enfin, le monde commence à reconnaître les avantages du travail à distance, même si forcé par le virulent nano-ennemi parmi nous. Quelques aspects positifs de la vie en ligne :
- moins de voitures sur les routes, donc moins de pollution
- moins de déplacements domicile-travail, donc plus de temps en famille et avec les amis
- moins de temps perdu à bavarder à la machine à café, donc plus de productivité et de concentration
- moins d’argent dépensé en frais de voyage inutiles, donc plus d’argent à investir dans le développement des ressources humaines et autres activités stratégiques
- et la liste s’allonge (voir le P.S. ci-dessous pour lire d’autres aspects positifs)
Pour moi, la nouvelle normalité en ligne signifie qu’on me regarde moins bizarrement quand je dis que je travaille à la maison. Quel soulagement après 20 ans d’une même rengaine! Eh oui, imaginez! On peut bien travailler, même à l’extérieur d’un bureau!
Or, quand s’est pointée la nouvelle normalité, j’ai tout naturellement proposé un plan d’urgence à mon directeur de cours à l’université : fermeture? Pas de problème! Je donnerai le cours en ligne. Je suis également enchantée qu’une plus grande majorité d’organisations adoptent les moyens virtuels, facilitant de nombreuses tâches opérationnelles.
Par exemple, croyez-le ou non, certaines organisations payaient encore… par chèque (re-re-re-argh!) ou demandaient des propositions sur papier! Époustouflant, n’est-ce pas? Qui eut cru que l’on pouvait encore être si attaché au papier après que le courriel soit devenu la norme (maintenant en passe de devenir archaïque devant la messagerie instantanée) et que l’achat en ligne, le moyen privilégié pour faire l’épicerie, acheter des livres et toute chose Amazon (Bezos profite d’ailleurs amplement de la pandémie). Il est vrai qu’en général, l’humain craint le changement.
Le changement, c’est bien!
La pandémie nous a tous propulsés en mode changement — selon moi, pour le mieux. À mon humble avis, il existe deux façons d’instiguer un changement : soit par petits changements progressifs (généralement un long processus) ou en larguant une bombe (proverbiale, bien sûr) faisant du changement une nécessité absolue. Cette dernière méthode, beaucoup plus accélérée, décrit en gros ce qui est arrivé à cette planète ces derniers mois. Sans vouloir diminuer l’impact dramatique et dévastateur de la pandémie actuelle, je crois sincèrement que la nouvelle normalité suscitée génèrera son lot de bénéfices et que l’on finira tous par y trouver son compte. Vivement le changement!
P.S. D’autres aspects positifs de la pandémie pour mieux faire passer le message :
- Une pause épique pour l’environnement donc du temps pour la planète de commencer à guérir, maintenant que nous ne sommes plus occupés à la polluer
- Une période pour penser plus aux autres qu’à nous-mêmes, car nous réalisons que la survie est bien plus une question de « nous » que de « moi ».
- Un long silence imposé où nous sommes appelés à faire le point sur notre vie, à considérer ce que nous avons, ce que les autres n’ont pas, ce qui est important et ce qui ne l’est pas
- Un moment où nous sommes amenés à apprécier ce qui nous entoure, nos gens et nos biens les plus précieux
- Un temps pour guérir, faire le vide et se débarrasser de ce qui ne nous sert plus, qu’il s’agisse de choses, de sentiments, d’habitudes ou de relations
Photo par Ramy Mans sur Unsplash