Le London Eye, un repère spectaculaire dans une ville jouissant d’une architecture étonnamment variée. Quiconque visite la capitale britannique omet rarement de photographier cette remarquable structure. Ma récente virée à Londres dans le cadre d’une formation en intelligence culturelle m’incite à voir sa Grande Roue telle une métaphore pour explorer une composante clé de la diversité culturelle : la perspective. Perspective comme dans point de vue, par exemple. Habituellement, la photo touristique préférée du London Eye englobe sa structure circulaire. Cependant, l’œil londonien offre nombre de prises de vue remarquables selon le point de vue du photographe. Appliquons ce principe à la culture en observant la diversité sous différentes perspectives… ou lentilles, pardonnez le jeu de mots!
Minorité visible
L’un des principaux avantages de recevoir une formation culturelle dans un pays autre que le nôtre est celui de plonger dans la diversité à même ses collègues. Lors de ma formation précédente à Dubaï, ces derniers provenaient principalement du Moyen-Orient et d’Asie, ou y travaillaient. À Londres, ils constituaient un groupe à saveur plutôt européenne. Dans les deux cas, j’étais seule canadienne, faisant de moi la minorité visible, en quelque sorte. Mon pays d’origine peut bien être multiculturel, mais la femme blanche que je suis s’y sent plutôt « vanille ». Cependant, à Dubaï et à Londres, immergée parmi des ressortissants de tous les coins du monde, je me sentais… différente.
Dans notre pays d’origine, on s’associe souvent à la majorité. Mais en voyageant à l’étranger, surtout là où la culture diffère grandement de la nôtre, on se rapproche plutôt de la minorité. Le changement de perspective peut être déconcertant pour certains. En revanche, il représente une fabuleuse occasion d’apprendre et de développer une approche plus sensible devant la diversité culturelle. Lorsque l’on devient la minorité visible en environnement inconnu, on perçoit les choses, les signaux et les codes différemment. L’on se forme une idée plus tangible de ce que signifie être « d’une autre culture ».
La richesse culturelle de mon clan londonien
(De gauche à droite, de l’arrière à l’avant) Mario, le Londonien portugais; Dervilla, l’expatriée irlandaise à New York; Luisa, l’Italienne en quête de diversité dans son chez-soi homogène; Gloria, la Barcelonaise élevée au Venezuela et de retour chez elle; Jola, la Polonaise devenue Dublinoise; David Livermore, le fondateur du Cultural Intelligence Center, chercheur et expert formateur; Jane, l’Américaine qui a épousé un Britannique puis élevé ses enfants à Londres; Patrycja, la Polonaise devenue Émiratie et mariée à un Panaméen; Anne, l’Américaine fraîchement sortie d’une longue immersion irlandaise; Lian-Hong, la Chinoise devenue Néo-Zélandaise; Marta, la Polonaise devenue londonienne; Marsha,Marsha, l’Indo-Carabéenne née au Royaume-Uni et mariée à un Irlandais; moi-même, la nomade canadienne franglaise.
Mon environnement richement diversifié—collègues et lieu—constituait le contexte d’apprentissage parfait. J’y ai puisé une pléthore de perspectives sur un éventail de sujets culturels, politiques, d’affaires, académiques, etc. Les discussions au sein du groupe, animées et gratifiantes, offraient d’innombrables points de vue inimaginables au sein d’un groupe homogène.
La diversité culturelle motive un changement de perspective. Cela nous permet d’explorer de multiples solutions, de générer de nouvelles idées et de former des opinions susceptibles d’atteindre un plus vaste public en plus d’élargir nos perceptions initiales.
Tisser des liens plus solides
Si les discussions abondaient dans la salle de classe, les réunions hors site se prêtaient à des conversations tout aussi captivantes. Partager les photos de famille autour d’une table de délicieuse cuisine britannique moderne constituait une façon plus intime de communiquer, de créer des liens plus profonds. C’est alors que s’amorce la construction de ponts entre les cultures et les frontières, le tissage de réseaux sans frontières.
En commençant à comprendre comment « les autres » voient le monde, nous amorçons une réflexion sur nos propres perceptions. Notre perspective devient plurielle et nous devenons plus sensibles au fait que la différence n’est peut-être pas si différente, après tout. Il ne s’agit souvent que d’une simple question de perspective.