Nos Sessions de leadership inclusif (SLI) amènent nos participant·es à se plonger dans une myriade de sujets et de franches conversations. Parmi ces sujets, notons celui des valeurs culturelles lesquelles nous analysons au préalable à l’aide d’une évaluation de l’intelligence culturelle. Ces évaluations indiquent où se situe le répondant ou la répondante entre deux valeurs culturelles « opposées » comme individualisme-collectivisme, distance hiérarchique faible-élevée, ou encore, communications directes-indirectes. Ce billet aborde une paire de valeurs qu’il me plait particulièrement d’explorer soit les différences entre les cultures de l’Être et du Faire.
Qu’est-ce que la culture Être ?
Décrivons d’abord ce couple de valeurs qui explique nos préférences soit pour la qualité de vie, soit pour l’action proactive. Cela dit, une personne de culture Être aura tendance à réagir de manière réactive et passive. Une autre de culture Faire préférera se concentrer sur la productivité et les objectifs. La première travaille les relations alors que la seconde s’affaire à la tâche.
Les recherches suggèrent que la culture Faire domine en Amérique du Nord. Forte tenante de cette culture, je partage avec mes pairs l’urgence de constamment dresser et exécuter une liste de choses à faire pour savourer le sentiment exaltant de l’accomplissement. Rien de mal à cela ! En fait, il n’y a ni « bon » ni « mauvais » côté dans l’échelle des valeurs culturelles. Chaque valeur d’une paire apporte… de la valeur à l’autre. Je cherche souvent à comprendre la culture Être car en toute honnêteté, je l’envie un peu !
Du côté de l’Être, on préfère consacrer son temps à planifier et à construire ses relations avant de s’attaquer aux tâches. On cherche à s’accomplir en établissant des liens solides avec ses pairs pour atteindre ses objectifs. Autrement dit, on priorise les personnes avant les tâches. Établir des relations solides amène les gens de culture Être à réussir autant que les gens de culture Faire, mais différemment. Or, on sait que pour atteindre ses objectifs, il faut généralement établir des relations ET exécuter des tâches tout à la fois. C’est donc dire qu’une culture aide l’autre à réussir et vice-versa. Et c’est LÀ toute la force de savoir conjuguer les différences.
L’inclusion : plutôt Être que Faire
Alors que du côté Faire, on fait preuve d’efficacité en exécutant sa liste de tâches et en respectant les délais, du côté Être, on se concentre sur les interactions humaines et le bien-être des personnes avec qui l’on accomplit le travail. Ce souci de l’humain avant la tâche constitue un atout essentiel du leadership inclusif.
Telle est la conclusion que m’a inspirée notre experte en inclusion et partenaire privilégiée d’ACCULTURA, Patrycja Riera d’Inclusionem. Patrycja, qui intervient régulièrement dans notre programme SIL, concentre ses recherches et sa pratique sur l’inclusion. De nature pragmatique (elle adore les données !), elle cherche constamment à identifier les qualités et les traits du leadership inclusif. Dans une publication récente, elle en énumère 5 :
- Humilité — Pas d’unité sans humilité. Je ne suis pas le centre de l’univers.
- Connexion —Les relations réelles et authentiques, d’abord et avant tout.
- Curiosité —Je m’intéresse à l’autre.
- Empathie —Je sais me mettre à la place de l’autre. Je comprends et je ressens ce que vit mon prochain.
- Courage – J’engage des conversations difficiles et nécessaires.
Deloitte propose également un modèle présentant 6 traits caractéristiques du leadership inclusif, dont la curiosité, le courage et l’intelligence culturelle. Ce qui émerge de ces deux modèles est qu’ils sont constitués uniquement de compétences relationnelles — bref, de savoir-être.
En guise de précision, Investopedia décrit les compétences relationnelles (soft skills) comme « des traits de caractère et des compétences interpersonnelles qui caractérisent les relations d’une personne avec d’autres personnes. En somme, les soft skills concernent ce que les gens sont, plutôt que ce qu’ils savent. » 1
Les compétences relationnelles seraient donc le « savoir-faire » des gens de culture Être. Malheureusement pour nous de culture Faire, notre propension à l’action à tout prix nous pénalise de ce côté. Accueillir des collègues ou partenaires de culture Être nous mènera vers un leadership inclusif équilibré. Si l’on souhaite réaliser de grandes (et petites) choses, mieux vaut apprendre à conjuguer savoir-être et savoir-faire. Et vive les différences !
1 Traduction libre
Photo: Fauxels on Pexels